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déserteur et en riant.
- Et il le tirait par les longues boucles de ses cheveux blonds, reprit Jean Chrysostome. Je vois encore
Julien, ses yeux bleus si doux et si pénétrants, son teint pâle, son col penché du côté gauche, ses épaules un
peu élevées, sa démarche capricieuse comme son langage, tantôt indolente et tantôt vive et emportée. Ses
pensées étaient si rapides que sa parole ne les pouvait quelquefois atteindre. D'autres fois il se taisait pendant
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Les consultations du docteur Noir ; Stello : première consultation ; Daphné : seconde consultation du docteur Noir
plusieurs jours et il paraissait dépérir, usé par l'idée qui l'occupait. Grégoire s'en attristait quelquefois et me
demandait ce que j'en pensais. - Voilà tout ce que je me rappelle, et encore est-ce entouré d'un tel nuage qu'il
ne s'en échappe que quelques traits épars. Ainsi je fus quelquefois frappé de voir le peuple d'Athènes suivre
Julien dans les rues, et lui, baissant la tête et rougissant, se retirer dans la plus prochaine maison. Il me
paraissait timide, comme Basile vous l'a dit, car il ne commençait jamais à parler sans rougir beaucoup.
- Et cela ajoutait à la sincérité de ses paroles un témoignage presque irrésistible, interrompit Basile de
Césarée ; je l'ai souvent éprouvé.
- Un matin, reprit Jean Chrysostome, comme nous étions au théâtre tous les quatre, je remarquai que
Julien était plus triste que de coutume. Grégoire lui avait parlé la veille de Gallus, son frère, que l'Empereur
avait fait décapiter en Dalmatie, et il avait les yeux rouges et humides de pleurs. Cependant, comme on jouait
le Prométhée d'Eschyle, il écoutait avec attention, moi j'écoutais avec une terreur profonde, et j'oubliais vous
et Julien. Mais tout d'un coup il me prit dans ses bras et me plaça debout entre ses genoux.
"Ecoute ceci", me dit-il. C'était le moment où Prométhée s'écrie :
"Tout chargé que je suis des plus honteuses chaînes, ce prince des immortels, Jupiter, sera contraint de
recourir à moi pour connaître le nouvel ennemi qui doit lui enlever son sceptre et ses honneurs."
"Sais-tu, me dit Julien, quel est celui-là qu'a prédit Eschyle par la bouche de Prométhée ?
- Non, Julien, je ne le sais pas, lui dis-je, craignant d'offenser les Dieux.
- Eh bien ! me dit-il, petit enfant, ne vois-tu pas que c'est Jésus-Christ ! "
Et possédé de cette idée, il se leva brusquement et sortit seul.
"Oui, je me souviens de ce jour-là, dit Basile en pâlissant. Il sortit ainsi brusquement, mais je ne savais
pas qu'il t'eût dit cela. Ce fut une étrange pensée."
Et Basile tomba dans une rêverie si profonde que, tordant une coupe d'argent dans ses doigts, il n'écouta
plus.
"Je ne sais, continua Jean, si Paul de Larisse dont Basile a parlé se trouvait alors à la suite de Julien,
mais je ne le vis pas. Ce fut peu de jours après que l'Empereur fit venir Julien à la cour au milieu des
assassins de toute sa famille, le nomma César, en l'entourant d'espions, et l'envoya dans les Gaules où il
croyait l'exiler.
Mais s'il partit César, il est revenu bientôt Auguste, s'écria Jean s'animant. Il a chassé les Alamans des
Gaules, ce philosophe aux yeux baissés. Il prend ses repas debout avec les soldats, dort peu, s'éveille quand il
veut, et couche sur un tapis jeté par terre ; il marche avec un livre de Platon sous son bras, le rhéteur ; il
écrit en marchant, et gagne des batailles entre deux Poèmes qu'il compose. Il est Empereur du monde avec
humilité ; il a corrigé, éclairci les anciennes lois de sa main, et il en a fait faire de nouvelles. Il a réalisé la
pensée de Marc-Aurèle, le règne des philosophes. Il n'a pas persécuté et, en deux ans de règne, il a plus qu'à
moitié détruit le Christianisme ; mais dites-moi, Libanius, dites-moi, si c'était une foi sincère que la sienne,
pourquoi il l'a rejetée comme un masque. Si c'était un masque, comment l'a-t-il porté en comédien de façon
à tromper jusqu'à ses amis les plus chers par un faux enthousiasme ? Et est-il vraiment digne encore de nous
si, pour arriver à l'Empire, il s'est ainsi appliqué à simuler la dévotion des martyrs chrétiens qui se sont fait
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lapider, et s'il a employé la prodigieuse souplesse de son esprit à feindre même leur exaltation ascétique et
leur habitude de rechercher partout les Prophéties, comme faisait sincèrement Grégoire de Nazianze, que
nous ne cessions d'en plaisanter ?
- C'est ce que nous voulions te demander", dit Basile plus gravement. [ Pobierz całość w formacie PDF ]
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